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On the Internet, Class of 1943: Betsy Jolas, and Pierre Rosset-Cournand (deceased)

SOURCE: Centre de Documentation de la Musique Contemporaine , AND Biographies des Compagnons de la Liberation

Tout l'œuvre de Betsy Jolas tourne autour de la voix, que celle-ci soit présente ou seulement évoquée par les instruments. La voix chantée, bien sûr, mais plus encore cette voix singulière de la "Sprechmelodie" inventée par Schœnberg dans son Pierrot lunaire. Mais là où Schœnberg avait buté sur la difficulté pour le timbre parlé de restituer des hauteurs sonores précises, Betsy Jolas résout le problème en faisant "parler" les instruments eux-mêmes.
Au point que si celle-ci estime que c'est la mélodie qui constitue sans doute son apport le plus significatif à la musique contemporaine, l'œuvre de Betsy Jolas ne renvoie pas tant à une "mélodie infinie" qu'à un récitatif infini qui tantôt tendrait vers l'arioso, tantôt vers un quasi parlando expressif.
Cette voix cherche ainsi à retrouver, mais en les stylisant, les inflexions de la déclamation poétique ou dramatique.

Betsy Jolas est née à Paris en 1926 de parents d'origine américaine et lorraine.
Sa mère, la traductrice Maria Jolas, avait fait des études de chant et continua à chanter toute sa vie. Son père, le poète et journaliste Eugène Jolas, fut le fondateur et éditeur de la revue "transition" où figurèrent en dix années les plus grands noms de la littérature, de la peinture et de la musique de l'entre-deux-guerres (en particulier James Joyce, dont Finnegan's Wake y fut publié en feuilleton sous le titre "Work in Progress).
Sa famille s'étant établie aux États-Unis en 1940, elle termine sa scolarité au lycée français de New York avant d'entamer en 1945 des études à Bennington College, dont elle reçoit le diplôme de Bachelor of Arts l'année suivante. Parallèlement, elle chante dans les chœurs Dessof où elle est également accompagnatrice à l'orgue et au piano, découvrant le répertoire polyphonique de la Renaissance qui la marquera profondément.
De retour à Paris en 1946, elle est élève au Conservatoire National notamment dans la classe de Darius Milhaud pour la composition et celle d'Olivier Messiaen pour l'analyse. Ses études terminées, elle travaille pour I'ORTF jusqu'en 1971 avant de remplacer Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris, où elle est nommée professeur d'analyse en 1975 et de composition en 1978. Elle a également enseigné aux États-Unis, notamment dans les universités de Yale, Harvard, Berkeley, Los Angeles et San Diego, ainsi qu'à Mills College (chaire Darius Milhaud).

Lauréate du Concours International de Direction d'Orchestre de Besançon dès 1953, Betsy Jolas a obtenu de nombreux prix tant en France qu'à l'étranger (Prix de la fondation Copley de Chicago, de I'ORTF, de l'American Academy of Arts, de la fondation Koussevitsky, Grand Prix national de la musique, Grand Prix de la Ville de Paris, de la SACEM, et plus récemment le Prix international Maurice Ravel et le Prix SACEM de la meilleure création).
Membre de l'Académie Américaine des Arts et Lettres depuis 1983, Betsy Jolas a été élevée au grade de Commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres en 1985 désignée "Personnalité de l'année" pour la France en 1992, elle a également été élue en 1995 membre de l'Académie Américaine des Arts et Sciences (fondée en 1780).
En 1997, elle a été nommée Chevalier de la Légion d'Honneur.

Précocement confrontée par son milieu aux mots, à leur récitation, Betsy Jolas a tempéré par son attachement à la voix et au chant sa participation à l'aventure post-webernienne de l'après-guerre. Liée dans les années soixante au Domaine musical de Pierre Boulez, elle fut davantage un "compagnon de route" du sérialisme - dont elle n'a jamais pu prendre à son compte le pointillisme sonore - qu'une adepte inconditionnelle. À l'inverse des musiciens de sa génération, elle n'a jamais prôné la "rupture" avec le passé, rupture juvénile qui a contraint plus tard ces mêmes musiciens à réapprendre les leçons du passé, sinon tout bonnement à se cultiver. Betsy Jolas se réclame au contraire fortement de l'héritage des grands compositeurs antérieurs à notre siècle, que ce Soit Schumann, Mozart ou Monteverdi - mais toujours des musiciens ayant accordé une importance particulière à la voix.

En dédaignant de se réfugier dans l'abstraction, Betsy Jolas n'a pas non plus répudié l'idée, l'ambition, que la musique pouvait être simplement belle, et que pour cela elle n'avait pas besoin de cesser d'être intéressante.
Ce refus de l'indifférence au résultat sonore s accompagne d'une attention égale portée à toutes les dimensions de la musique, sans jamais privilégier exclusivement l'une au détriment des autres: mélodie, harmonie, timbre.
Quant au rythme, il est presque toujours fluide, qu'il s'agisse du rythme de la phrase, ou celui plus large du tempo, dont les fluctuations sont la transposition dans le temps des fréquents glissés, des "portamentos", entre les hauteurs.
La forme musicale la plus caractéristique est sans aucun doute celle du cycle de Lieder, même quand il s'agit d'une œuvre strictement instrumentale, comme dans Frauenleben, pour alto et orchestre.

Cette idée pourrait suggérer celle que la forme chez Betsy Jolas est fragmentaire, morcelée.
Au contraire, toutes les transitions y épousent cette même fluidité, et le passage d une section à l'autre se fait le plus souvent de manière insensible, comme au moyen de fondus enchaînés dont la technique retient la leçon donnée par le Wozzeck de Berg. L'ambition du compositeur est ainsi d'offrir une musique "sans couture, aux formes toujours réinventées, depuis toujours mon rêve...".

Par ses qualités vocales (à rebours de l'évolution qui tend depuis plusieurs siècles à imposer à la voix des parties conçues instrumentalement) et son refus de la rupture, par le soin et le fini de sa réalisation, l'art de Betsy Jolas évite l'aporie sur laquelle se heurte tant de musique contemporaine, celle de l'absence de communication.
Alors que beaucoup de compositeurs ne semblent éprouver la présence d'auditeurs que comme un mal à peine nécessaire, Betsy Jolas récuse une telle attitude et adresse au public un discours qui se veut intelligible, sensible et émouvant.
C'est probablement cette indépendance, cette liberté préservée qui lui vaut d'être aujourd'hui l'un des compositeurs français les plus connus et les plus joués dans le monde.
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Pierre Rosset-Cournand est né le 2 juin 1924 à Johannesburg en Afrique du Sud. Son père meurt l'année suivant sa naissance et Pierre passera en France les 9 années suivantes.

Agé de 10 ans, il rejoint aux Etats-Unis sa mère et son père d'adoption, le professeur André Cournand, prix Nobel de Médecine.

Pendant une année, il est élève dans une école communale du New Jersey avant de poursuivre ses études au Lycée Français de New York.

En 1941 il entre à la Phillips Academy à Andover (Massachusetts) pour y achever ses études. Admis à Harvard, il choisit de s'engager dans les Forces Françaises Combattantes en avril 1943.

Il fait ses classes à l'école de Fort Benning en Géorgie d'où il sort en novembre 1943 avec le grade d'aspirant. Affecté à la mission militaire française à Washington, il est attaché, dès sa sortie de l'Ecole, à l'OSS (Services Secrets américains).

Il part pour l'Angleterre en décembre 1943 ; torpillé au cours de la traversée, il est sauvé et ramené à New York d'où il repart immédiatement.

Le 5 février 1944, Pierre Rosset-Cournand passe à la Mission Militaire de Liaison Administrative (MMLA) mais cette situation, trop éloignée des combats, ne lui plaît guère.

C'est pourquoi, le 6 mai 1944, il s'engage au 3ème Régiment de Chasseurs Parachutistes (3ème RCP). Après un entraînement en Ecosse, il obtient rapidement son brevet parachutiste et entraîne, comme chef de section, ses hommes jusqu'au mois d'août.

Le 5 août 1944, il est parachuté en Bretagne avec sa section et participe aux opérations de harcèlement qui, de Morlaix aux faubourgs de Brest, préparent la voie aux troupes américaines. Aux environs de Plabennec, il parvient à prendre une batterie légère de DCA. Sa conduite remarquable au cours de cette mission lui vaut de recevoir la Croix de Guerre avec citation à l'ordre de l'Armée. Il dirige également à Lesneven (Finistère) la destruction de trois chars allemands à la grenade anti-tanks.

Il est ensuite parachuté dans le Doubs où il confirme ses qualités d'audace et de sang-froid au cours de plusieurs raids de harcèlement. Le 10 septembre 1944, il prend part au combat de Hautechaude-Roide au cours duquel il détruit une auto-mitrailleuse et son équipage. Le 14, il effectue une reconnaissance audacieuse qui permet la prise sans coup férir du village d'Accolans tenu par 300 Allemands.
Le lendemain, 15 septembre 1944, il participe avec sa section à l'attaque de Geney dans le Doubs ; la résistance de l'ennemi est très forte et, après plusieurs heures face aux "Tigres", le sous-lieutenant Rosset-Cournand reçoit l'ordre de se replier. Il tombe au combat, au moment où il protège, du feu de sa mitraillette, le repli de ses hommes.

Il a été inhumé à Abbenans dans le Doubs.






SOURCES: http://www.cdmc.asso.fr/html/compositeurs/bio/h_l/jolas.htm AND http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/861.html




Pierre Rosset-Cournand (deceased) and Betsy Jolas
Pierre Rosset-Cournand (deceased) and Betsy Jolas